Même si le Shiba Inu est connu pour apprécier la compagnie des enfants, il ne faudra jamais oublier qu’il reste un chien !
En dehors de la morsure, n’oubliez pas que le chien peut également griffer un enfant en faisant la fête à son jeune maître sans aucune animosité ou pousser un enfant qui tombera et se fera mal au popotin.
|
|
Les enfants et les chiots
- La plupart des enfants aiment les chiots et vice versa. Mais il est important d’apprendre à vos enfants à prendre soin de l’animal. Présentez-leur le chiot progressivement pendant de courtes périodes. Les enfants doivent comprendre que le chiot est un être vivant fragile. Apprenez à vos enfants à prendre et à tenir le chiot. Les enfants doivent apprendre à ne pas tirer sur la queue ou les oreilles du chiot, à ne pas le pousser ou lui donner des coups, à ne pas faire des bruits menaçants ou à s’approcher de lui trop brusquement. Pour un chiot, même un petit enfant est un géant et un chiot peut mordre pour se protéger lorsqu’il a peur.
Le chiot et les bébés
- Mettre un chiot en contact avec un bébé nécessite certaines précautions. Un bébé n’a pas la même odeur que le reste de la famille. Il ne ressemble pas à un adulte, ne se déplace pas de la même façon et n’a pas la même voix. Le chiot aura besoin de temps pour s’habituer au bébé. Lors de la première rencontre, le chiot et le bébé doivent être séparés d’une distance de 3 à 4 mètres et être progressivement rapprochés l’un de l’autre, pas à pas. C’est à vous d’observer puis de décider du moment où le chiot peut renifler le bébé.
Cette façon de tenir le Shiba Inu n’est pas indiquée,
Le chien risque de se sentir prisonnier de la fillette et de vouloir se libérer si besoin par le pincement ou la morsure.
Quand l’enfant paraît … !
« Docteur, je vais avoir un bébé dans un mois et mon chien vient de mordre un visiteur. Je crains pour mon enfant … ! »
« Docteur, je suis enceinte de 5 mois et mon chien s’est mis à grogner contre moi, … »
« Docteur, je vais adopter une petite fille ; elle a un an et je pourrai aller la chercher dans 2 mois… »
Le comportement du chien pendant la grossesse
Dans de nombreux cas, le chien semble informé de la grossesse de sa maîtresse. Il est même parfois le premier informé et son comportement se modifie. Il se pourrait que cette communication passe par des voies olfactives, par des odeurs (des phéromones). Le chien semble parfois irritable, parfois excitable, parfois sexuellement énervé. Son irritabilité se manifeste vis-à-vis de tout le monde, y compris de la femme enceinte.
Prévoir le comportement du chien lors d’une naissance
Qu’est-ce qu’un bébé pour un chien ? Il y a plusieurs réponses :
-
une « chose » qui appartient au couple dominant(normal) ;
un intrus dans la vie, une perturbation des routines (anxiété) ;
-
un concurrent pour la recherche d’attention des propriétaires (normal) ;
-
le coupable d’une perte de privilèges, à éliminer (dominant) ;
-
Le chiot de la meute, à s’approprier, à kidnapper (chienne dominante) ;
-
un petit animal qui se chasse (chasseur, non socialisé) ;
-
une chose inconnue qu’il faut éviter (phobique, anxieux) ;
-
etc.
Pour pouvoir prévoir - exercice périlleux - le comportement du chien dans une situation inconnue comme une naissance, il faut apprécier diverses situations :
-
Le statut hiérarchique du chien dans la famille
-
Le chien et ses éléments psychobiologiques
-
Les réactions du chien face aux enfants de différents âges
-
Le niveau d’attention accordé au chien
Le statut hiérarchique du chien
Pour analyser le statut du chien dans la famille, je vous renvoie au chapitre consacré à l’agression compétitive et hiérarchique et à mon livre Mon chien est-il dominant ?
Je rappelle que, dans une meute de chiens, le chien dominant est le seul à avoir le privilège d’être parent. Il pourra considérer que l’enfant qui vient d’arriver lui appartient et empêcher quiconque de s’en approcher.
Le chien et ses éléments psychobiologiques
Chaque psychel du chien est analysé afin de déterminer si le chien est équilibré et sain ou s’il souffre d’une pathologie qui peut retentir sur ses relations sociales, ses capacités d’adaptation à une nouvelle situation et sa stabilité d’humeur, donc sur la prévisibilité de ses comportements.
Dans l’analyse des psychels, un soin particulier est apporté aux comportements agressifs et destructeurs envers qui et quoi que ce soit, y compris les petits animaux et les peluches.
Les réactions du chien face aux enfants
Je cherche à déterminer les réactions anxieuses ou agressives (ou prédatrices) du chien en présence d’enfants de différentes catégories d’âge :
de la naissance à 6 mois,
de 6 mois à –12 mois
de 12- 18 mois,
de 18 mois - 2 ans à 3 ans,
de 3 à 6 ans.
Pour un chien, chacune de ces catégories pourrait être considérée comme un « espèce » différente. Les réactions du chien face aux bébés et aux enfants d’âge différent peuvent changer. La moindre réaction de crainte, de peur, de fuite, d’évitement, d’agression, de jeu non contrôlé, etc. est analysée, ainsi que les postures, séquences, etc. de chaque comportement.
Le niveau d’attention accordé au chien
Je parle du niveau d’attention générale, des caresses, de l’investissement en temps… L’arrivée d’un bébé requiert presque tout le temps des parents; il ne reste guère de temps pour le chien. Afin d’atténuer l’impression de rupture ou de détachement pour le chien, je propose de réduire progressi- vement le niveau d’attentions pendant les derniers mois de grossesse pour arriver à presque rien à l’arrivée du bébé.
De même, une fois le bébé à la maison, je propose d’être indifférent au chien quand le bébé n’est pas dans la pièce (qu’il est dans sa chambre, dans son lit) et de donner des attentions au chien quand le bébé est dans la même pièce.
Pourquoi ? Le but est que le chien associe le bébé à un surcroît d’attention et non avec un retrait d’affection.
Prévoir le comportement de l’enfant
Je ne suis ni pédiatre ni psychologue de l’enfant. J’ai divisé les enfants en catégories suivant ce que je connais de leur développement psychomoteur et suivant les observations cliniques. Tout enfant peut être sujet à l’agression offensive (et aux comportements de chasse) ; ceux-ci sont plus rares que les agressions défensives. Analysons le risque d’une agression défensive suivant l’âge de l’enfant:
-
de la naissance à 6 mois : l’enfant n’a pas de capacité motrice volontaire vers l’animal ; il est peu sujet à l’agression défensive d’un chien ;
-
de 6 mois à 12 -18 mois : l’enfant marche à quatre pattes, roule en trotteur, ensuite marche debout ; il se déplace activement vers le chien ; il est sujet à des réactions de défense de sa part.
-
de 18 mois à 2 ans et demi - 3 ans: l’enfant entre dans l’âge du « non », c’est-à-dire de l’autonomie de décision ; il teste ses parents et s’oppose à leurs conseils ; c’est le moment où on interdit à l’enfant de toucher le chien et, en vous regardant droit dans les yeux, il empoigne le pelage du chien, lui met les doigts dans les yeux, les oreilles ou l’anus ; l’enfant est alors au maximum de risque.
-
de 3 à 6 ans : le risque est fort diminué parce que l’enfant, surtout quand il vit avec un chien, comprend mieux son langage et le respecte ; par ailleurs, l’enfant va à l’école et n’est plus en permanence avec le chien.
Chien et enfant ensemble
Il existe une règle absolue, quel que soit le chien. On ne laisse pas un enfant de moins de 3 à 5ans et un chien ensemble sans surveillance. C’est-à-dire qu’on ne quitte pas l’enfant pour prendre le téléphone dans une autre pièce, pour ouvrir la porte de rue, … On emporte l’enfant ou le chien avec soi mais on ne laisse pas le chien et l’enfant sans surveillance.
De même, on ne laisse pas un enfant jouer par terre à côté du chien alors que l’on regarde la télévision ou qu’on lit un livre, sans surveiller les deux compères. La vitesse de démar- rage et d’accélération d’un chien est telle qu’on n’a déjà peu de temps pour intervenir quand on surveille. Plus d’un pa- rent a retrouvé son enfant ensanglanté sans avoir rien vu ni entendu qu’au moment des pleurs de l’enfant ; et ces parents sont incapables de vous décrire ce qui s’est passé.
Le retour de maternité
On conseille bien souvent d’emporter les langes et les vêtements sales à la maison afin que le chien s’habitue à l’odeur de l’enfant avant que celui-ci n’arrive. C’est une bonne idée.
Cependant, il n’est pas recommandé de donner ces objets au chien pour qu’il joue avec, les lèche, les déchire, … Les vêtements et les langes de l’enfant sont des parties de l’enfant, ils portent son odeur et ils doivent être intouchables. Le but de cet apprentissage n’est pas de signaler au chien qu’il peut lécher et manger l’enfant mais de l’habituer à ses senteurs et à le respecter.
Les risques
Sans vouloir faire peur à personne, mais pour augmenter la prévention des risques de morsures d’enfants, il faut citer quelques chiffres. Une étude a été dirigée par le professeur Kahn en Belgique francophone en 2001 dans des services d’urgence de grandes villes et s’intéressait aux enfants de moins de 16 ans. Une autre enquête a été dirigée par le vété- rinaire Rudy De Meester en Belgique néerlandophone sur
-
enfants de 3ème primaire (8 ans).
Quelques chiffres
Quelques chiffres de l’étude du professeur Kahn :
-
les morsures de chiens représentent 0,24% des cas présentés aux services d’urgence, soit près de 3,7 fois moins que les accidents de voiture et 3,3 fois moins que les brûlures.
-
-
65% des enfants sont mordus à la maison (la leur dans plus de 8 cas sur 10, ou celle du chien) et 35% sont mordus sur la voie publique (7 cas sur 10 dans la rue).
-
Les garçons sont plus souvent mordus que les filles, surtout dans le jeune âge : en dessous de 6 ans, le ratio est de 1,63, au-dessus il est de 1,23.
-
A la maison, dans tous les cas, l’enfant était seul avec le chien. Sur la voie publique, l’enfant était seul dans 94% des cas.
-
A la maison, l’enfant connaissait le chien dans 93,8% des cas et le chien faisait partie de la famille dans 84,6% des cas.
-
A la maison, l’enfant jouait avec le chien (34%), ou près du chien (11%), approchait le chien qui mangeait (14%), entrait dans une pièce occupée par le chien (12%), surprenait le chien endormi (7%), voulait câli- ner le chien (6%), ou enlevait un jouait (2%). Dans 14% des cas, il n’y avait pas de raison objectivable. Les enfants qui dérangent le chien au moment du repas ou du sommeil sont plus jeunes (4 ans en moyenne) que ceux qui sont mordus lors des activités de jeu (8,5 ans).
-
Les régions anatomiques mordues le plus souvent sont le visage et la tête (46%) et les avant-bras (28%). Les morsures à la tête et au visage étaient le fait de chiens qui mangeaient dans 78% des cas et de chiens qui jouaient dans 67%. Plus l’enfant est jeune, plus le ris- que d’être mordu au visage est grand : 80% chez les moins de 4 ans, 64% chez les 4 à 8 ans et 16% entre 8 et 12 ans et 11% entre 12 et 15 ans.
-
Dans 75% des cas, les morsures sont uniques, dans25% des cas, elles sont multiples. Les morsures multi- ples sont plus fréquentes à la maison que dans les lieux publics et quand l’enfant joue avec le chien (29%).
-
8% des morsures ont nécessité une chirurgie plastique.
-
84% des enfants ont eu un suivi médical et (seulement) 2% des enfants ont eu des consultations avec un psychologue.
-
Un vétérinaire a été consulté dans … seulement 28% des cas (plus souvent, c’est à dire dans 50% des morsures à la face), et 6 chiens furent euthanasiés.
Quelques chiffres de l’étude du Dr Rudy De Meester :
-
4,9% des enfants de 8 ans sont mordus par un chien.
-
25% des morsures sont causées par le chien de la famille, 49% par un chien connu de l’enfant (ou de sa famille) et 26% par un chien inconnu.
-
9% des enfants mordus sont envoyés au service d’urgence d’un hôpital.
-
Une récidive de morsure dans la même année se retrouve dans 16% des cas en moyenne, 29% des cas avec le chien de la maison, 16% des cas avec un chien connu et 5% des cas avec un chien inconnu.
Discussion et prévention
Un enfant (de 8 ans) sur vingt est mordu par un chien. Si le processus se répète chaque année, on peut calculer que plus de 50% des enfants seront mordus par un chien entre la naissance et l’âge de 20 ans, parfois plusieurs fois, et un certain nombre même sévèrement. Avec ce même calcul hypothétique, c’est un enfant sur 10 qui passera par le service d’urgence d’un hôpital pour morsure de chien.
La majorité des accidents se passent quand l’enfant est seul avec le chien. La prévention est simple : on ne laisse pas enfants et chiens seuls sans surveillance.
Des situations à risque sont les mouvements de l’enfant en direction du chien, ou l’envahissement des zones de sécurité du chien au moment du sommeil et du repas. Ici encore la prévention est aisée : on apprend à l’enfant à appeler le chien à soi et on ne le laisse pas aller vers le chien.
De nombreux accidents arrivent pendant le jeu avec le chien et il faut envisager que ces chiens perdent une partie de leur contrôle moteur par excitation.
La majorité des chiens qui mordent à la maison sont plus âgés que les enfants mordus, ce qui semble faire penser que le chien fut acquis avant la naissance de l’enfant. Il faut conseiller aux futurs parents de consulter préventivement un(e) vétérinaire (comportementaliste) afin de réaliser une meilleure prévention des accidents.
Comme 16 % des enfants sont mordus une nouvelle fois durant l’année, il est urgent de mettre en place une prévention secondaire, de consulter un(e) vétérinaire comportementaliste et de traiter le chien.
Seulement 2% des enfants ont consulté un psychologue. Ce chiffre est dramatique et montre le peu de conscience des parents pour les conséquences psychologiques d’une mor- sure. Ces conséquences ne doivent pas être minimisées. De nombreux enfants souffrent de troubles psychologiques post-traumatiques et devraient être obtenir un suivi psychologique.
Références
De Meester R., H. Laevens et alii. Dog aggression: an inquiry on the frequency of dog bites towards children in Flan- ders. Proceedings of the 8th ESVCE Meeting on Veteri- nary Behavioural Medicine, Granada 2nd of October.
2002.
Kahn A., Bauche P. et alii. Children victims of dog bites treated in emergency departments; a prospective study. Soumis à publication. 2002.